Evasion fiscale des particuliers

A victim of regulatory arbitrage? Automatic exchange of information and the use of golden visas and corporate shells


Article de recherche de Leo Ahrens, Lukas Hakelberg et Thomas Rixen publié par la revue Regulation and Governance en 2020.

Résumé

Ahrens et al. ont trouvé des preuves limitées que les fraudeurs fiscaux sophistiqués contournent l’échange automatique d’informations (EAI) sur les comptes financiers à l’aide de passeports dorés ou de sociétés écrans et de trusts anonymes. Depuis la mise en œuvre de l’IAE, la plupart des pays échangent des informations sur les comptes bancaires détenus par des non-résidents afin de détecter l’évasion fiscale transfrontalière. Toutefois, si les titulaires d’un compte bancaire dans un paradis fiscal se font passer pour des résidents du paradis fiscal ou dissimulent leur propriété au moyen d’une société écran ou d’un trust basé dans un paradis fiscal, les informations relatives à la propriété peuvent ne pas être transmises à leur véritable pays de résidence. Les auteurs rassemblent une liste de juridictions proposant des dispositifs de citoyenneté par investissement (CBI) ou de résidence par investissement (RBI) et qui affichent un “risque fiscal” élevé selon l’indice de secret financier 2018 compilé par le Tax Justice Network. Les pays qui facilitent l’utilisation de véhicules d’entreprise pour l’évasion fiscale, par exemple par une réglementation laxiste en matière de propriété effective, sont identifiés sur la base de deux autres composantes de cet indice.

Pour identifier l’effet de ces régimes, Ahrens et al. comparent l’évolution des dépôts et des investissements de portefeuille transfrontaliers des juridictions qui offrent des réglementations laxistes en matière de propriété effective ou des régimes de passeport doré avec les pays qui n’en offrent pas. Une augmentation relative des dépôts transfrontaliers détenus par des résidents ou des entités de pays offrant des régimes d’IBC ou une réglementation laxiste en matière de propriété effective indiquerait que ces failles sont utilisées par les fraudeurs fiscaux pour contourner l’IAE.

Les auteurs trouvent des preuves que les deux types de dispositifs sont utilisés pour dissimuler des investissements de portefeuille dans la zone euro, mais pas dans d’autres zones clés (marchés du dollar et de la livre). Ils ne trouvent pas d’effet significatif pour les dépôts transfrontaliers sur aucun des trois marchés. Les résultats ne fournissent donc que des preuves limitées de l’arbitrage réglementaire des évadés fiscaux par le biais de dispositifs RBI/CBI ou de sociétés écrans. Les auteurs concluent donc que ces pratiques d’évitement ont été utilisées mais dans une mesure limitée jusqu’à présent.

Principaux résultats

  • Les auteurs trouvent des preuves que les systèmes de citizen-by-investment (CBI), de residence-by-investment (RBI) et les réglementations laxistes en matière de propriété effective ont été utilisés pour dissimuler la propriété d’actifs de portefeuille dans la zone euro.
  • Les investissements de portefeuille dans la zone euro en provenance de pays proposant des sociétés écrans et des systèmes de fiducie ont augmenté de 22 %.
  • Les investissements de portefeuille dans la zone euro en provenance de pays offrant des régimes CBI ou RBI ont augmenté de 16 %, mais avec une signification statistique limitée.
  • Les auteurs ne trouvent pas de preuves d’une utilisation accrue de ces échappatoires pour les marchés du dollar et de la livre ou des dépôts transfrontaliers sur aucun des trois marchés.
  • Les auteurs concluent que certains évadés fiscaux ont utilisé des systèmes de passeport doré et des sociétés écrans pour contourner les réglementations en matière de transparence, mais que ces pratiques sont restées limitées jusqu’à présent.

Implications politiques

  • Les auteurs soulignent que même si l’utilisation des failles examinées semble limitée selon leurs résultats, les contournements du CRS existent indubitablement et appellent à un travail normatif supplémentaire pour combler les failles restantes, notamment par le biais de processus multilatéraux comme celui de l’OCDE.

Données 

Ahrens et al. s’appuient sur deux sources principales : les données sur les investissements de portefeuille provenant du Coordinated Portfolio Investment Survey (CPIS) du FMI et les données sur les dépôts transfrontaliers provenant des Locational Banking Statistics de la BIS (en savoir plus).

Les pays présentant des dispositifs de RCC/RBI à haut risque fiscal et des réglementations laxistes en matière de propriété effective sont identifiés sur la base de diverses composantes de la version 2008 de l’indice de secret financier du Tax Justice Network.

Méthodologie

Les auteurs utilisent une estimation de différence dans la différence avec les pays offrant des RBI, CBI ou des trusts et sociétés écrans comme groupes de traitement et les pays qui ne les offrent pas comme groupes de contrôle. Ils évaluent la robustesse des résultats avec une approche d’étude d’événement.

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L’article peut être téléchargé sur le site de la Wiley Online Library.