Ce papier documente l’importance croissante de l’immobilier détenu via les paradis fiscaux. Il propose d’étudier l’adoption de la Norme Commune de Déclaration – ou Common Reporting Standard (CRS) – qui est la première norme multilatérale d’échange automatique d’information. Cette norme permet l’instauration d’un échange d’information entre administrations fiscales sur la détention par les ménages d’actifs financiers mais non immobiliers. A partir de données administratives sur des achats de propriétés au Royaume-Uni via des sociétés étrangères, nous montrons que la mise en place du CRS a donné lieu à une augmentation significative de l’investissement immobilier venant de sociétés incorporées dans les paradis fiscaux les plus affectés par cette nouvelle norme de transparence. En nous servant des Panama Papers et autres “Leaks”, nous sommes capables d’identifier les propriétaires pour une partie de ces sociétés “offshores”, et montrons que la hausse de l’investissement immobilier observée vient bien d’acheteurs résidant dans les pays qui adoptent le CRS. Nous estimons qu’entre 16 et 19 milliards de livres ont été investis au Royaume-Uni entre 2013 et 2016 en réaction à cette politique de transparence. Étant donné la taille du Royaume-Uni dans le marché mondial de l’immobilier “offshore”, cet effet suggère qu’entre 24% et 27% de la richesse financière détenue dans les paradis fiscaux en 2013 a été investie dans l’immobilier au niveau mondial en réaction à l’introduction du CRS.